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Le g\u00e9ographe David Goeury tente ici\nde mettre en lumi\u00e8re les enjeux socio-\u00e9conomiques sous-jacents et les\ndynamiques politiques, par le recours \u00e0 des cartes de la r\u00e9gion de l\u2019Oriental. Il\nmobilise deux modes de repr\u00e9sentation : la carte des communes selon leur\nsuperficie et un cartogramme de ces m\u00eames communes pond\u00e9r\u00e9es selon leur poids\nd\u00e9mographique.<\/p>\n\n\n\n

Une ville sinistr\u00e9e par la fermeture de la mine d\u2019anthracite<\/strong><\/h2>\n\n\n\n

Le destin de la ville de Jerada est\n\u00e9troitement li\u00e9 \u00e0 l’exploitation d\u2019un important filon d\u2019anthracite depuis 1927\net \u00e0 la soci\u00e9t\u00e9 de Charbonnage du Maroc (CDM). Le d\u00e9veloppement de l\u2019activit\u00e9\nmini\u00e8re a assur\u00e9 le d\u00e9veloppement de la ville. Cependant, la d\u00e9cision de la fermeture\nde la mine en 1998 et l\u2019arr\u00eat d\u00e9finitif de l\u2019activit\u00e9 le 17 juillet 2000 am\u00e8nent\n\u00e0 un effondrement de l\u2019activit\u00e9 \u00e9conomique, avec plus de 5500 salari\u00e9s\nremerci\u00e9s. <\/p>\n\n\n\n

A ce jour aucune alternative n’a permis de compenser la fermeture de la mine. La population de la ville s’est effondr\u00e9e en perdant plus de 25% de ses habitants, passant de59 294 individus en 1994 \u00e0 43 916 en 2004 alors que la population du Maroc augmente au m\u00eame moment de 14%. La ville poursuit sa tendance baissi\u00e8re perdant encore 1% de sa population entre 2004 et 2014, passant \u00e0 43 506 habitants alors que la population urbaine du Maroc progresse de 24%. De m\u00eame, la population active s’effondre et se stabilise autour de 13 000 personnes en 2004 alors que de 2004 \u00e0 2014, la population active marocaine a progress\u00e9 de 23%. Jerada, a un taux d’activit\u00e9 inf\u00e9rieur de sept points \u00e0 la moyenne des villes marocaines (67% pour les hommes et 17% pour les femmes) tout en ayant un taux de ch\u00f4mage deux fois plus \u00e9lev\u00e9, 37% en 2014 contre 19% dans les autres villes marocaines, 30% pour les hommes et 67% pour les femmes. Seules six communes urbaines marocaines pr\u00e9sentent des conditions d’emploi plus d\u00e9favorables.<\/p>\n\n\n\n

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L’effondrement de l’activit\u00e9 mini\u00e8re a cr\u00e9\u00e9 un cercle vicieux de r\u00e9duction de toutes les autres activit\u00e9s \u00e9conomiques qui peut s’observer notamment dans le BTP par le march\u00e9 du logement. En effet, Jerada a le deuxi\u00e8me plus faible taux de logement de moins de 10 ans des communes urbaines marocaines, soit 4% du parc immobilier contre 21% pour la moyenne des communes urbaines du Maroc, apr\u00e8s Touissit, sise dans la m\u00eame province (exception faite des communes singuli\u00e8res des mechouars li\u00e9es au palais royaux). Jerada a aussi le 3e taux le plus faible de logement de 10 \u00e0 20 ans, 7% du parc, et finalement, le deuxi\u00e8me taux le plus \u00e9lev\u00e9 des logements de 20 \u00e0 50 ans, reliques de la forte croissance urbaine avant le ralentissement de l’activit\u00e9 mini\u00e8re \u00e0 partir de 1992. Alors qu’au Maroc, 42% des logements ont moins de 20 ans en 2014, \u00e0 Jerada cela ne concerne que 11% des logements. Ce qui atteste de la faible attractivit\u00e9 de la ville mais aussi des tr\u00e8s faibles perspectives d’emploi dans le BTP. Parall\u00e8lement, les m\u00e9nages sont propri\u00e9taires \u00e0 84%, contre 62% en moyenne dans les autres villes marocaines. C’est le 3e taux le plus \u00e9lev\u00e9 parmi les communes urbaines. En effet, les habitants ont b\u00e9n\u00e9fici\u00e9 de la vente des logements appartenant \u00e0 la CDM \u00e0 un prix symbolique, lors de la liquidation de 2000 \u00e0 2003. Or, depuis, la ville attire tr\u00e8s peu de salari\u00e9s en dehors des fonctionnaires. Ce tr\u00e8s fort taux de propri\u00e9taires am\u00e8ne aussi \u00e0 un effet de trappe. Les m\u00e9nages h\u00e9sitent \u00e0 quitter une ville o\u00f9 ils poss\u00e8dent un logement sans r\u00e9elle perspective de le vendre pour commencer une nouvelle vie dans une autre ville.<\/p>\n\n\n\n

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Pour autant, Jerada ne figure aucunement parmi les communes les moins d\u00e9velopp\u00e9es du Maroc, son indicateur de d\u00e9veloppement local est bien sup\u00e9rieur \u00e0 la moyenne nationale : 0,787 contre 0,6 apparaissant comme le septi\u00e8me meilleur de la r\u00e9gion de l’Oriental. Elle ne figure pas non plus parmi les plus pauvres du Maroc en 2014 avec un indicateur de pauvret\u00e9 multidimensionnelle (IPM) de 0,007 pour une moyenne nationale de 0,07. C’est la cinqui\u00e8me commune la moins marqu\u00e9e par la pauvret\u00e9 de la r\u00e9gion de l’Oriental. Cependant, ces chiffres rel\u00e8vent fortement des acquis li\u00e9s \u00e0 la p\u00e9riode mini\u00e8re et aux politiques d’\u00e9quipements compensatoires qui ont suivi. Ainsi, en 2004, l’IPM \u00e9tait d\u00e9j\u00e0 faible, de 0,034 contre 0,05 pour les autres villes du royaume. Cependant, la stagnation de l’activit\u00e9 \u00e9conomique se traduit par un ph\u00e9nom\u00e8ne de d\u00e9classement, notamment du fait du maintien de l’indicateur de pauvret\u00e9 mon\u00e9taire qui \u00e9tait de 0,087 en 2004 contre 0,12 pour les autres villes du Maroc et qui passe seulement \u00e0 0,084 en 2014 alors qu’il est divis\u00e9 par trois dans les autres villes marocaines. D\u00e9sormais, Jerada figure parmi les 12% des communes urbaines o\u00f9 la pauvret\u00e9 mon\u00e9taire est la plus \u00e9lev\u00e9e tout en disposant de logements et d’infrastructures.<\/p>\n\n\n\n

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Ainsi, si les habitants ont des taux d’\u00e9quipement plus \u00e9lev\u00e9s que la moyenne des autres villes marocaines pour le branchement \u00e0 l’eau potable (97% contre 87%), \u00e0 l’\u00e9lectricit\u00e9 (96% contre 94%), ou en salles de bain (68% contre 55%), ils ont peu acc\u00e8s aux nouveaux \u00e9quipements domestiques comme Internet (13% contre 20%) ou l’ordinateur portable (20% contre 28%). Ainsi, Jerada fait d\u00e9sormais partie des 20% des villes avec les plus faibles taux d’\u00e9quipement en ordinateur portable et en acc\u00e8s \u00e0 Internet et surtout c’est le chef lieu de province o\u00f9 les m\u00e9nages ont le plus faible taux d’\u00e9quipement du Maroc en Internet et le deuxi\u00e8me plus faible en ordinateur portable. Cela traduit une certaine pr\u00e9carit\u00e9 des habitants (en dehors des m\u00e9nages de fonctionnaires li\u00e9s au statut de chef lieu de province).<\/p>\n\n\n\n

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La ville appara\u00eet donc comme maintenue dans un niveau de vie faible sans r\u00e9ellement b\u00e9n\u00e9ficier d’opportunit\u00e9s \u00e9conomiques nouvelles depuis plus de vingt ans. Par cons\u00e9quent, l’extraction ill\u00e9gale du charbon est devenue l’une des rares sources locales de revenus mon\u00e9taires. Ainsi, les habitants de Jerada consomment tr\u00e8s peu le charbon produit, seulement 1,1% des m\u00e9nages l’utilise pour la cuisine, soit le m\u00eame taux que la moyenne nationale. Les mineurs privil\u00e9gient donc la commercialisation \u00e0 l’autoconsommation. De plus, cette situation permet de comprendre les premi\u00e8res manifestations de 2017 qui d\u00e9non\u00e7aient la chert\u00e9 de l’eau et de l’\u00e9lectricit\u00e9, services historiquement fournis par la CDM mais aujourd’hui \u00e0 la charge des m\u00e9nages dont les revenus restent tr\u00e8s modestes, sans perspective d’am\u00e9lioration. <\/p>\n\n\n\n

Des \u00e9lus issus des mouvements militants, progressivement remplac\u00e9s par\nde nouveaux notables<\/strong><\/h2>\n\n\n\n

Les contextes sp\u00e9cifiques de la\nmine puis de l’apr\u00e8s-mine ont amen\u00e9 \u00e0 une s\u00e9rie de s\u00e9quences politiques intimement\nli\u00e9es aux transformations \u00e9conomiques.<\/p>\n\n\n\n

Dans une r\u00e9gion domin\u00e9e historiquement par l’Istiqlal depuis 1963, ce sont les syndicalistes tr\u00e8s impliqu\u00e9s dans les grandes gr\u00e8ves, notamment celles de 1989 qui s’affirment \u00e9lectoralement \u00e0 Jerada durant la transition d\u00e9mocratique. Lahcen El Ghali de la Conf\u00e9d\u00e9ration d\u00e9mocratique du travail (CDT) centrale syndicale de l\u2019USFP, ancien prisonnier politique remporte les \u00e9lections municipales et l\u00e9gislatives de 1997 pour la circonscription de Jerada, pr\u00e9c\u00e9demment d\u00e9tenue par l’Istiqlal. Il cumule alors les fonctions de pr\u00e9sident de commune et de d\u00e9put\u00e9. Cependant, il est accus\u00e9 d’avoir d\u00e9fendu les int\u00e9r\u00eats des seuls salari\u00e9s de la CDM et de n’avoir n\u00e9goci\u00e9 aucune alternative cr\u00e9dible : la ville perd 25% de ses habitants durant son mandat. <\/p>\n\n\n\n

D\u00e8s lors, la faiblesse des opportunit\u00e9s d\u2019emplois am\u00e8ne \u00e0 l\u2019\u00e9mergence de figures plus contestataires qui agr\u00e8gent les int\u00e9r\u00eats des laiss\u00e9s-pour-compte des accords de sortie de mine, soient les sous-traitants non-salari\u00e9s et les jeunes dipl\u00f4m\u00e9s ch\u00f4meurs exclus des accords salariaux de 1998. L\u2019USFP est donc particuli\u00e8rement affaiblie et critiqu\u00e9e. Elle peine \u00e0 s’entendre sur un candidat aux l\u00e9gislatives de 2002 malgr\u00e9 la dimension hautement symbolique de la ville, et obtient moins de 5% des votes valides (1075 voix sur 22 194) [1]<\/a> dans le cadre du nouveau scrutin de liste \u00e0 l’\u00e9chelle de la province. <\/p>\n\n\n\n

L’\u00e9lectorat contestataire soutien Mokhtar Rachdi, dipl\u00f4m\u00e9 ch\u00f4meur, sous l’\u00e9tiquette du Groupement socialiste unifi\u00e9 qui arrive en t\u00eate aux \u00e9lections avec 4001 voix, soit 18% des votes valides devant le candidat istiqlalien. Il est r\u00e9\u00e9lu en 2007 sous la m\u00eame \u00e9tiquette PADS-CNI-PSU avec 3647 voix ; en revanche en 2011, il est \u00e9lu sous les couleurs de l’USFP avec 3788 voix, le PSU ayant appel\u00e9 au boycott des \u00e9lections. [2]<\/a><\/p>\n\n\n\n

Parall\u00e8lement, se constituent de\nnouvelles notabilit\u00e9s dans le cadre du d\u00e9veloppement de la nouvelle \u00e9conomie du\ncharbon. A partir de 1998, des anciens salari\u00e9s de la CDM obtiennent des permis\nde recherche, d\u2019exploitation et de commercialisation du charbon. Ils organisent\nalors un nouveau circuit \u00e9conomique en faisant le lien entre les groupes de\nmineurs informels qui extraient ill\u00e9galement l\u2019anthracite et les acheteurs,\nprincipalement des administrations pour le chauffage des b\u00e2timents publics ou l\u2019ONEE\npour ces centrales thermiques. Cette position leur assure une ascension sociale\nextr\u00eamement rapide et leur permet de d\u00e9ployer de nouveaux r\u00e9seaux politiques :\nils deviennent les nouvelles figures de patronage entretenant une importante\nclient\u00e8le.<\/p>\n\n\n\n

Ainsi en 2003, la pr\u00e9sidence de la commune urbaine est prise parle fondateur de l\u2019entreprise Daghou Charbo cr\u00e9\u00e9e trois ans auparavant, Mohamed Daghou, qui choisit l’\u00e9tiquette du parti Al Ahd. Il est r\u00e9\u00e9lu en 2009 sous l\u2019\u00e9tiquette PAM dont Al Ahd a \u00e9t\u00e9 fondateur. En 2011, c\u2019est au tour de Mbarka Toutou, militante PAM, largement soutenue par son fr\u00e8re Mustapha Toutou qui dirige les entreprises Best Charbon et la Soci\u00e9t\u00e9 Mini\u00e8re Top de se pr\u00e9senter aux \u00e9lections l\u00e9gislatives.Elle remporte l’\u00e9lection avec 7123 voix devant Mokhtar Rachdi. Elle mobilise au-del\u00e0 de la commune de Jerada, dans l’ensemble de la province [3]<\/a>. En 2015, elle ravit la pr\u00e9sidence de la municipalit\u00e9 \u00e0 Mohamed Daghou qui arrive pourtant en t\u00eate aux \u00e9lections sous les couleurs de l\u2019Istiqlal, le PAM ayant pr\u00e9f\u00e9r\u00e9 investir Mbarka Toutou gr\u00e2ce \u00e0 l’activisme de son fr\u00e8re [4]<\/a>. Mbarka Toutou s\u2019est alors alli\u00e9e \u00e0 El Bachir Amnoun Oubaha, t\u00eate de liste pour l\u2019Union constitutionnelle et aussi propri\u00e9taire de Sorexmine qui devient le premier vice-pr\u00e9sident de la commune de Jerada.<\/p>\n\n\n\n

Il est int\u00e9ressant de souligner que le PAM ne recueille que 14% de son \u00e9lectorat dans la ville de Jerada, contre 29% pour l’Istiqlal et 25% pour le PJD. De m\u00eame, l’USFP ne recueille plus que 5% de son \u00e9lectorat \u00e0 Jerada. La commune urbaine de Jerada est marqu\u00e9e par un tr\u00e8s faible taux de participation avec seulement 40% des inscrits, ce qui favorise les nouveaux r\u00e9seaux de client\u00e8le du fait du d\u00e9sengagement \u00e9lectoral des r\u00e9seaux militants. Ce taux est le plus faible d’une province largement mobilis\u00e9e (70% en moyenne), le 3e plus faible de la r\u00e9gion de l’Oriental derri\u00e8re Oujda, Berkane et Guercif. Jerada fait partie des 5% des communes les moins mobilis\u00e9es par les \u00e9lections municipales. Ainsi, la victoire du PAM aux \u00e9lections r\u00e9gionales s’appuie surtout sur les communes plus rurales, tout comme l’USFP qui arrive en deuxi\u00e8me position.<\/p>\n\n\n\n

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En 2016, ce sont Mustapha Toutou avec 8358 voix et Yassine Daghou (le fils de Mohamed Daghou) avec 4525 voix qui sont \u00e9lus d\u00e9put\u00e9s [5]<\/a>. La figure militante historique, Mokhtar Rachdi, ne recueille que 2678 voix. Il est donc largement battu malgr\u00e9 sa tr\u00e8s forte activit\u00e9 au parlement, avec pas moins de 2139 questions \u00e9crites et orales adress\u00e9es au gouvernement en cinq ans, principalement sur la situation socio-\u00e9conomique de Jerada, alors que Mbarka Toutou n\u2019en avait pos\u00e9 que 13 sur la m\u00eame p\u00e9riode. Cette d\u00e9faite est d’autant plus forte que le parti avait recueilli lors des \u00e9lections r\u00e9gionales de 2015 plus de 6819 voix et s’\u00e9tait class\u00e9 deuxi\u00e8me devant l’Istiqlal. Le PJD conna\u00eet aussi une forte ascension avec 4507 voix sur la liste locale. Yassine Daghou ne remporte son si\u00e8ge que de 18 voix alors que l’Istiqlal est en troisi\u00e8me position des votes pour la liste nationale derri\u00e8re le PJD de 306 voix.<\/p>\n\n\n\n

Il appara\u00eet donc clairement que les r\u00e9seaux de client\u00e8le \u00e9tablis par les entrepreneurs du charbon, qualifi\u00e9s localement de “Barons du charbon”, leurs permettent de mobiliser un \u00e9lectorat bien plus important que les r\u00e9seaux contestataires, \u00e9puis\u00e9s par l’absence de solution \u00e9tatique p\u00e9renne. Cependant, ces m\u00eames notables sont aussi r\u00e9guli\u00e8rement mis en accusation par d\u2019importantes manifestations, comme en d\u00e9cembre 2009 et en d\u00e9cembre 2017. Or, si en 2009, le motif \u00e9tait la baisse du prix d\u2019achat du charbon extrait qui relevait donc directement des relations entre mineurs ill\u00e9gaux et revendeurs, en 2017, c\u2019est le d\u00e9c\u00e8s de deux fr\u00e8res dans une descenderie ill\u00e9gale qui provoque les manifestations, sur fond de tension sur les factures d\u2019eau et d\u2019\u00e9lectricit\u00e9, soit une crise plus globale du pouvoir d’achat et du d\u00e9classement de la population.<\/p>\n\n\n\n

Conclusion<\/strong><\/h2>\n\n\n\n

Le mouvement Hirak de Jerada s\u2019inscrit dans une dynamique contestataire tr\u00e8s ancienne li\u00e9e \u00e0 la question de l’exploitation du charbon. Or, le d\u00e9sengagement de l’Etat a favoris\u00e9 l’\u00e9mergence de nouvelles notabilit\u00e9s qui ont progressivement pris le contr\u00f4le des instances \u00e9lues aux d\u00e9pens des militants contestataires. En effet, les \u00ab barons du charbon \u00bb fortement d\u00e9cri\u00e9s par les militants de gauche apparaissent au final comme la seule alternative pour une population de plus en plus pr\u00e9caire. Car tout en s’enrichissant de fa\u00e7on spectaculaire, ils assurent des revenus mon\u00e9taires non n\u00e9gligeables dans un contexte de d\u00e9prise \u00e9conomique sans pr\u00e9c\u00e9dent. Ils organisent des r\u00e9seaux de solidarit\u00e9 et de redistribution qui leur assurent une client\u00e8le \u00e9lectorale.<\/p>\n\n\n\n

Le mouvement Hirak de Jerada a\nsouvent \u00e9t\u00e9 compar\u00e9 \u00e0 celui d’Al Hoceima alors que les deux villes s’inscrivent\ndans des dynamiques historiques diff\u00e9rentes. Cependant, les deux villes se\nretrouvent actuellement dans une m\u00eame configuration : un ch\u00f4mage massif et des\nperspectives \u00e9conomiques tr\u00e8s faibles. Ainsi, il est int\u00e9ressant de noter que\nles deux villes partagent une m\u00eame sp\u00e9cificit\u00e9 : l’un des \u00e2ges au mariage les plus\n\u00e9lev\u00e9s des villes marocaines, respectivement 31,2 ans pour Jerada et 32,3 pour\nAl Hoceima contre 28,7 pour les autres villes marocaines. Avec Sidi Ifni, autre\nville ayant \u00e9t\u00e9 marqu\u00e9e par d’importants mouvements sociaux en 2008, ce sont\nles trois chefs lieux de province o\u00f9 les jeunes se marient le plus tard, sans\ndoute un des principaux indicateurs de leurs faibles espoirs dans l’avenir.<\/p>\n\n\n\n


\n\n\n\n

[1]<\/a> Association Tafra (2016) – Le Maroc vote. Les \u00e9lections l\u00e9gislatives en chiffres (1963-2011)<\/a>.<\/p>\n\n\n\n

[2]<\/a> Ibid.<\/p>\n\n\n\n

[3]<\/a> Ibid.<\/p>\n\n\n\n

 [4]<\/a> Association Tafra (2017) – La responsabilit\u00e9 des \u00e9lus dans le cadre de la r\u00e9gionalisation avanc\u00e9e<\/a>.<\/p>\n\n\n\n

 [5]<\/a> Ibid.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

L\u2019hypoth\u00e8se a souvent \u00e9t\u00e9 de relier la pauvret\u00e9 avec les mouvements sociaux.
\nDans ce travail cartographique, Tafra souhaite revenir sur le cas du mouvement Hirak de Jerada apr\u00e8s avoir pos\u00e9 des hypoth\u00e8ses sur le Hirak d\u2019Al Hoceima dans un article pr\u00e9c\u00e9dent.<\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":2929,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":[],"categories":[590],"tags":[371,523,549,135,159,534,75,525,526],"_links":{"self":[{"href":"http:\/\/old.tafra.ma\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/2882"}],"collection":[{"href":"http:\/\/old.tafra.ma\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"http:\/\/old.tafra.ma\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"http:\/\/old.tafra.ma\/wp-json\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"http:\/\/old.tafra.ma\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=2882"}],"version-history":[{"count":8,"href":"http:\/\/old.tafra.ma\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/2882\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":3000,"href":"http:\/\/old.tafra.ma\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/2882\/revisions\/3000"}],"wp:featuredmedia":[{"embeddable":true,"href":"http:\/\/old.tafra.ma\/wp-json\/wp\/v2\/media\/2929"}],"wp:attachment":[{"href":"http:\/\/old.tafra.ma\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=2882"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"http:\/\/old.tafra.ma\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=2882"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"http:\/\/old.tafra.ma\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=2882"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}