Qu’est-ce qu’une bureaucratie ?
Une bureaucratie, c’est toujours mal compris parce qu’on ne se rend pas compte que c’est une des institutions politiques les plus importantes à côté du législatif, de l’exécutif et du judiciaire.
L’exécutif décide, le judiciaire juge et la bureaucratie, c’est l’exécuteur des décisions prises par l’exécutif.
Comment est-ce que les bureaucrates et les politiciens coexistent ?
En général, dans les pays démocratiques, il y a soit un antagonisme, soit une collusion. Normalement, la bureaucratie n’a qu’à appliquer les décisions prises par les politiques. Mais ils peuvent aussi, et ça c’est extrêmement important, jouer un rôle décisif dans l’application des décision ; ils influencent d’abord les décisions que les politiques vont prendre, ce sont eux qui les conseillent, donnent les alternatives, ce qui est possible et ce qui n’est pas possible. Donc, il faut faire très attention avec les bureaucrates qui n’ont pas la légitimité de prendre la décision. C’est le gouvernement, dans une démocratie, qui est légitimé par le suffrage universel pour prendre les décisions mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas une influence très importante parfois de la bureaucratie, de la haute fonction publique dans nos pays.
Dans les régimes autoritaires, évidemment, la bureaucratie ne peut être qu’extrêmement politisée, qu’au service du Roi ou du gouvernement qui n’est pas vraiment élu. Ce ne sont donc pas forcément les experts dans le sujet tandis que dans les régimes démocratiques, très souvent, ils sont très bien formés et ils ont même des écoles spéciales pour être formés.
C’est un groupe qui est généralement fait d’experts. Ils ne sont pas comme le ministre qui est un peu partout ; ce sont des experts dans des domaines assez pointus et donc les politiques sont obligés de les écouter, ce qui fait qu’ils sont très influents dans la haute fonction publique, grâce à leur expertise.
Quels sont les principaux défis au bon fonctionnement de la bureaucratie ?
Le principal défi, je dirai, c’est qu’ils assument parfois des pouvoirs de l’exécutif, en appliquant ou pas les décisions. Quand le ministre vient dire “je veux faire ceci et cela”, ils peuvent laisser dans les tiroirs s’ils ne veulent pas le faire, pour une raison ou une autre, parce qu’ils ont leurs propres intérêts bureaucratiques et cherchent à étendre leur champ de compétences. C’est-à-dire qu’ils ont leurs propres intérêts ; s’ils veulent ou pas telle politique ou s’ils en veulent une autre que le ministre, ils peuvent effectivement mettre des bâtons dans les roues, ils ont ce pouvoir. Le pouvoir, lui, est tellement occupé, il ne peut pas tout surveiller et donc, ce qui arrive dans beaucoup de cas, c’est que les bureaucrates se substituent aux politiques, or ce n’est pas en accord avec les principes démocratiques parce que personne ne les a élus.
Ils sont là effectivement pour appliquer les décisions mais en appliquant, ils ont quand même une marge de manœuvre et en “oubliant” d’appliquer, c’est un énorme pouvoir. Ce qu’il ne faut jamais oublier, c’est que les bureaucrates sont là, ils n’ont pas d’autres fonctions. Le ministre a plusieurs fonctions, il est membre d’un parti, membre d’un gouvernement, il est député souvent et donc il a mille choses à faire. C’est pour ça que dans certains pays, il a un cabinet qui suit le travail de l’administration, de la bureaucratie.